 Performance

A dit [illisible]  « Jamais je ne fis mal »


Performance - conférence - rituel avec Virginie Trachsler et Heka 

Création en juin 2024 à la Librairie l’Arborescence (Massy)
Salon Sorcières ! organisé par Jeanne Coindeau
Sel, branche, rubans, perles, dispositif sonore, graines de violettes, texte
(Environ une heure)


Pour cette première tentative, Virginie était à Cracovie, Heka, le public et moi étions à Massy en région parisienne, nous étions donc en visio. Virginie faisait les mêmes gestes que nous depuis l’écran. Au fond du jardin, le wifi hésitait, nous avons parfois perdu le lien, mais jamais complètement.


Photographie de Joyce Rivière



Note d’intention :

Quelque part entre recherche, militance et création, Caroline Dejoie, Heka et Virginie Trachsler proposent une performance-conférence-rituel pour tenter de tisser des liens entre les sorcières d’hier et celleux d’aujourd’hui. A partir d’extraits de procès en sorcellerie, elles appellent à écouter les voix des mortEs pour mieux s’interroger sur la portée politique, intime et révolutionnaire de se nommer, aujourd’hui, sorcières. Avec A dit [illisible] « Jamais je ne fis mal. » elles tentent de détricoter les mécanismes des culpabilités racistes, sexistes, classistes qui poussent à accuser les autres… pour mieux nouer et honorer les lignées choisies entre personnes marginalisées.

Ressources et inspirations amies : 

Antoine Follain, et Alii. « Édition des derniers procès de sorcellerie intentés dans la prévôté d’Arches ». Sorcellerie savante et mentalités populaires, édité par Antoine Follain et Maryse Simon, Presses universitaires de Strasbourg, 2013

Claude Gauvard (dir.), Présumées coupables, L’iconoclaste, Archives nationales, 2016

Caroline Dejoie, M’entends-tu ? 2021

Rachele Borghi, Sortes wittigiens, 2023



  • Rituel d’ouverture

Placer les éléments qu’on souhaite amener dans le rituel

Allumer des bougies, de l’encens, des cendres, tout ce qu’on veut (on sera dehors)

Brûler de la sauge ou autre chose ou tout ce qu’on veut
 
Tracer un cercle de sel autour du public

Planter la branche  



Photographie de Maëlle Collorec


Je trace un cercle dont je ne suis pas le centre

D’une marge parmi plein d’autres, j’appelle les sorcières 

Je décroise les jambes, les mains, les bras, les doigts

Si je les croise avec ceux d’une aimée, alors ça va

J’appelle les oreilles et les attentions, j’appelle la tension, la concentration

Je m’appelle Virginie Je m’appelle Heka Je m’appelle Caro

J'appelle de Massy, d’une voix tremblante et de l’année 2024 

J’appelle d’un temps triste et confus où mes adelphes trans sont attaqué⸱es et mis⸱es en danger, d’un temps immonde où je peux voir des humain⸱es appeler à l’aide et se faire tuer sur mes écrans, d’un temps terrifiant où le fascisme est tout près s’il n’est déjà là 

J’appelle de ma colère, ma peur, mes deuils, ma honte et ma frustration 

J’appelle des miettes de joie et d’espoir que je m’attache à faire pousser parce que je ne sais pas quoi faire d’autre pour continuer à vivre 

J’appelle de mon corps fatigué d’être scruté jugé objectivé, j’appelle de ma blanchité, j’appelle de ma cis-identité, j’appelle de mes privilèges, j’appelle du capitalisme, j’appelle de mon doctorat, j’appelle de Tours, j’appelle de ma précarité, j’appelle de mon burn-out, j’appelle de Pologne, j’appelle de mon travail gratuit, j’appelle de ma puterie, j’appelle de mon féminisme, j’appelle d’un jardin, j’appelle de mon couple hétérosexuel, j’appelle de ma dépression, j’appelle d’une librairie, j’appelle de mon lesbiannisme, j’appelle de Pantin, j’appelle de nos amitiés, nos sororités, nos collectifs, j’appelle des liens qu’on tente de tisser parce que ça aussi ça nous maintient en vie.

J’appelle toustes celleux d’avant, toustes celleux de maintenant et toustes celleux d’après 

J’appelle les sorcières d’un autre temps 

J’appelle les mortes d’un autre temps 

J’appelle les sorcières mortes parce que présumées coupables 

Les sorcières mortes parce qu’accusées de tous les maux.

J’appelle les sorciaires meufs, sorciaires queer, sorciaires fem, butch, non binaires, sorciaires trans, pédés, gouines, sorciaires putes, vieilles sorciaires, sorciaires célibataires, sorciaires étrangères, toustes celleux mortEs de n’avoir jamais fait mal 


J’appelle leurs mots écrits retranscrits recopiés tapés sûrement transformés parvenus jusqu'à nous. J’appelle leurs paroles dans les bouches de mes amix vivant⸱es 


Les mortes, les mortes, les mortes 


Je dis leurs noms


A chaque prénom prononcé, on noue un ruban à la branche 


Madeleine

Remière

Andrée

Martiale

Isabeau

Alix

Aldegonde

Jeanne

Suzanne

Babon

Marguerite

Elise

Henriette

Marie

Claude dite la Montagne

Arnoulette

Reine

Isabelle

Michée

Mougeotte

Chrétienne

Guillemette

Marion




Photographie de Joyce Rivière



  • Ielles disent

On écoute les voix prononçant les paroles issues des archives
Merci à Claire pour son beau chant


A chaque voix, on noue, on tresse, on enroule un ou plusieurs rubans
Pas de règle, on fait exactement comme on sent.


Photographie de Maëlle Collorec


Quand les voix se taisent, Virginie prend la parole

A dit « Messieurs ! Je vous crie pitié, je ne saurais durer des bras ! »
Remontré qu’elle a ensorcelé Galopin, Noëlle Momault et Laurent Imbert son gendre.
A dit « Messieurs ! Jamais ! » S’est fort tourmentée.
Pour la 4e fois. Remontrée. S’est trouvée fort faible.
A été relâchée.
A dit [illisible] « Jamais je ne fis mal. »

Jeanne Cauzion, Parlement de Paris, 19 février 1607.


Les voix que nous avons entendues, ce sont celles de nos amix, qui ont prêté voix à celles du passé, aux mortes, aux accusé·es de sorcellerie. Ces textes sont tous des extraits de procès-verbaux d’interrogatoires d’accusées sorcières, en France, en Suisse, en Belgique. Le premier date de 1431 — et c’est celui d’une Jeanne bien connue — le dernier, du milieu du dix-septième siècle.

Les textes disent ce que l’accusé·e « a dit » : tout est rapporté par des greffiers, des témoins scripteurs qui rapportent des paroles au discours indirect, et inévitablement les modifient, dans le passage de l’oral à l’écrit, peut-être raccourcissent, simplifient. Les réponses qui nous sont parvenues sont parfois lacunaires. Les accusées disent que non, encore et encore. Ont-elles tenté des justifications que les greffiers n’ont pas jugé utile de rapporter ? On ne le saura pas. Mais ces traces incomplètes sont tout ce qu’il reste de leurs voix. Alors écoutons-les.

A dit [illisible]

Et l’illisible entre crochets, c’est la deuxième intervention, des personnes qui ont lu et édité les sources pour nous faire parvenir ces voix, autant que possible, quand le greffier a pris soin de ne pas être illisible. C’est une main tendue entre nous et ces accusées sorcières. Alors écoutons-les.

illisibles ces textes, où est mis en place un vocabulaire bien faible pour ce qu’il désigne, « déclaration au poteau » pour les derniers mots d’une condamnée sur un bûcher, « sous la question », l’euphémisme pour dire « torture ». Pour les accusées sorciaires, la torture, c’est souvent le supplice du tréteau — membres étirés sur un tréteau, l’interrogée est forcée à avaler de l’eau, en des quantités toujours plus importantes, jusqu’à sept fois. « Je ne saurais durer des bras », a dit Jeanne à ses bourreaux.

Jeanne à qui on fait mal, Jeanne qui dit « jamais je ne fis mal ».

illisibles ces textes, qui en vain tentent d’aplatir sur des lignes bien droites les cris des torturé·es, des innocent·es, des inquiété·es, celles qui comprennent pourquoi elles sont là, celles qui n’en savent rien, et celles qui sous la pression, la peur, la détresse, la douleur, la faim, le froid, semblent finir par l’oublier, par confesser que oui, peut-être, à leur insu, peut-être, si les autres le disent, peut-être, si ledit sieur substitut devant elles le pense, alors peut-être qu’elles sont coupables.

illisibles et pourtant, leurs voix sont bien audibles. Ecoutons-les, croyons-les, celles que les accusateurs n’entendaient pas, bien décidés qu’ils étaient à les présumer coupables, à trouver les sorcières, à condamner,

à faire mourir,

                        disparaître.

Ces voix qui clament leur innocence devant les hommes qui les accusent, qui la crient parfois sous la torture, qui se défendent d’être sorcières, faisons retentir leurs échos quand nous nous revendiquons sorcières aujourd’hui. N’étouffons pas leurs dénégations sous ces revendications.

Ecoutons-les comme on se doit toujours de prêter l’oreille aux victimes, écoutons-les comme les victimes d’une injustice meurtrière. Ecoutons-les aussi comme des voix qui résonnent par leur force, leur ferveur, leur détermination à se sauver, à ne pas se laisser disparaître. A ne pas se laisser dire par d’autres ce qu’elles sont.

Rappelons-nous avec quelle adresse certaines déjouent les pièges qui leur sont tendus, et rappelons-nous les autres, celles qui se voient englouties dans une spirale où en désespoir de cause elles avouent l’impossible, comme d’avoir participé à un sabbat avec le diable. Elles n’en méritent pas pour autant notre oubli. Leur effondrement ne trahit pas leur faiblesse. Il dit l’extrême violence de ce qu’elles ont subi.

Chrétienne Parmentier est une femme qui dès sa première audition se condamne. Elle se condamne de ne pas avoir vu les pièges qui lui ont été tendus. Quand on lui demande si elle est sorcière, « Dit qu’elle ne pense pas l’être ». Et déjà cette incertitude la condamne. Sous la torture, elle avoue tout et encore plus, les sabbats, le diable, les sorts. Un mois plus tard, elle est au poteau : les derniers mots que le greffier enregistre, au moment de son exécution (peut-être ses tous derniers mots) seront pour une autre femme, une femme que sous la torture elle avait accusée d’être sorcière.

La susdite Chrétienne avant la question qu’elle a enduré, en icelle et au poteau a persisté à décharger et disculper ladite Remière disant que faussement elle l’avait accusée et criait à Dieu merci.
Chrétienne a sauvé Remière. Le procès de Remière est interrompu par cet acte de sororité, juste à temps pour lui épargner la torture. Rappelons-nous celleux qui à défaut d’avoir pu sauver leur vie, n’ont pas entraîné leurs adelphes avec iels.

Ecoutons la lucidité de Babon, quarante-quatre ans, qui sait qu’elle est là parce qu’elle est femme, et que c’est ce qui la tuera. On l’accuse d’être sorcière, on l’accuse d’avoir tué le poulain d’un voisin, un dénommé Marsal :

A répondu qu’aucune personne du monde ne lui a dit que si elle était sorcière, qu’elle serait cause de la mort du dit poulain ; elle a bien pleuré souvent lorsque le dit Marsal lui disait qu’elle était en estime de sorcière ; et qu’elle ne se soucierait de ce que l’on fasse d’elle si, étant homme au lieu de femme, elle avait tué celui qui aurait tenu de tels propos.

Ces paroles sont tortueuses, mais on peut les comprendre ainsi : Babon sait que si elle avait été homme au lieu de femme, elle aurait pu tuer son accusateur et elle en aurait assumé les conséquences. Elle sait aussi que les conséquences de ce meurtre auraient été moins lourdes que ce qu’elle est en train de subir. Le seul crime de Babon, c’est d’être accusée et de ne pouvoir faire taire son accusateur. Le seul crime de Babon, c’est d’être une femme. Rappelons-nous celles qui l’ont compris.

C’est vrai, certaines admettent des pratiques magiques. Certaines expliquent quelles formules elles prononcent pour protéger les animaux, comment elles ont guéri une chèvre ou une vache malade, l’œil enflé d’une enfant, la jambe endolorie d’un voisin. Mais elles se défendent d’avoir jeté des sortilèges — c’est-à-dire des mauvais sorts. Ces pratiques magiques, de protection, de guérison, sont celles que la communauté connaît et elles lui sont utiles. Si nous voulons nous réclamer héritières de ces pratiques magiques, ou d’autres, rappelons-nous toujours le fossé entre ce que vécurent les accusé·es sorcières et cet espace de liberté que nous créons pour nous-mêmes. Réclamons-nous de leur ferveur à se défendre contre l’injustice qui leur était faite. Soyons les témoignes de ces accusé·es sorcières, qu’en leur temps d’autres témoignages ont accablées et condamnés.

Car c’est vrai, les accusé·es sorcières n’arrivent pas en procès par hasard.

D’autres voix existent dans ces sources. Avant la procédure officielle (l’instruction, les interrogatoires préliminaires, le procès) il y a le bruit commun. Jeanne est accusée par plus de trente personnes, qui vont ensuite toutes témoigner contre elle. Mougeotte se retrouve en procès sur le bruit commun qui court que une nommée Mougeotte [...] est grandement suspecte, crainte et redoutée d’un chacun pour le même crime [de sortilège]. Le bruit commun, c’est la rumeur qui court d’une mauvaise réputation, de la réputation de celle qu’on sait enfant d’une autre accusée sorcière (car ça a aussi été ça, être la petite-fille d’une sorcière qu’ils n’ont pas pu brûler : porter ce nom et en mourir). Mais derrière ce « bruit commun » se cachent des membres de leur communauté : des voisins, voisines, des membres de leur famille parfois, qui viennent ensuite témoigner devant l’institution. Les enquêteurs sont diligents, les enquêteurs cherchent des coupables, alors ils interrogent celleux qui se cachent derrière le bruit commun. Rappelons-nous que sans ce bruit commun, il n’y a pas d’enquête, il n’y a pas de condamnation, il n’y a pas de mise à mort. Rappelons-nous que ce sont aussi les communautés qui ont brûlé les sorcières. Rappelons-nous que si nous marginalisons les plus vulnérables, alors ce sont ces membres de la communauté dont nous sommes les descendant·es. Rappelons-nous cela, aujourd’hui.



Photographie de Joyce Rivière


Aux accusations de sorcellerie, faites parfois à demi-mot dans ces témoignages, se mêlent des accusations de vol. Des petits larcins — quelques poires dans les bois, quelques pommes dans un jardin la nuit, du petit bois pour se chauffer. On en comprend que les accusé·es sorcières sont souvent les plus pauvres. Elles dépendent de la solidarité de la communauté, qui, quand elle se trouve elle-même sous pression, se retourne contre les plus faibles, les personnes déjà marginalisées. Rappelons-nous cela, aujourd’hui.

Regardons Caro, aujourd’hui, balayer la cendre sur le sol. Nous reconnaissons cet acte banal. Nous avons toustes déjà accompli cet acte. Tout à l’heure, Caro se lèvera. Elle sait que chez sa voisine Marie, des femmes se sont réunies pour filer la laine. A la fin, les femmes partageront ce qu’elles auront gagné avec ce travail de filage. Caro ira proposer son aide. Mais Marie refusera. Elle dira qu’elles sont déjà trop nombreuses. Caro repartira chez elle sans rien dire. Le lendemain, la vache de Marie tombera malade. A l’audition préliminaire qui précèdera le procès de Caro, Marie dira que Caro a donné un mal à sa vache ce soir-là. D’ailleurs, elle l’avait vue préparer une poudre en passant devant chez elle quelques heures plus tôt. Elle l’a simplement vue balayer de la cendre, mais elle en est certaine. Ce que Marie ne dira pas, c’est qu’elle se sent coupable de ne pas avoir permis à Caro de participer au filage. Elle sait qu’elle avait tort : toutes ce soir-là avaient besoin de l’argent que leur procure le travail de la laine, mais Caro plus encore que les autres. Alors, elle fait le lien entre Caro et sa vache. Alors, elle raconte aux enquêteurs le filage de la laine, le départ de Caro, l’animal malade. Et en racontant, elle l’accuse sorcière.



Photographie de Joyce Rivière


Caro s’agenouille et dit

Je viens d’une famille riche, blanche et fasciste qui habite au bord de l’océan. Quand j’étais petite, j’ai vu mon père insulter et repousser un homme noir qui souhaitait lui vendre du poisson. Quelques semaines plus tard, mon père a échappé de peu à la noyade. Il accuse dès lors l’homme en question de lui avoir jeté un sort.



  • Pratiques chuchotées

On se déplace dans le cercle parmi les spectateurices. On lance des chuchotements de pratiques sorcières, collectées en amont auprès de sorcières que l’on connait ou non. On espère que les spectateurices ajoutent leurs pratiques et fassent circuler les chuchotements.
 
C’est un temps long. Ça prend ou ça ne prend pas, c’est okay. On prend le temps. On laisse le silence si nécessaire.



illisible

bruit commun

elle dit

jamais

A la nouvelle lune, planter des idées et des relations, de l’argent, des choses que l'on veut voir pousser.

Bénir de l’eau soi-même et l’utiliser pour laver chez soi, son linge, ses mains.

Mettre un quartz rose sous son oreiller. Symbole d’amoure de tendresse d’enfance de calme et de plaisir. En offrir à ses amant⸱es.

Qu’est-ce qu’iel fait ?

Prononcer des oraisons pour “assurer” les animaux : Dry, St Pierre, St Jean, St Mathieu et St Gregoire alloint passer les monts de Peccanienne et ont rencontré loups et lères et ours; je vous défends la montaigne et la vallée et vous défends de par les pas que Dieu fit, je vous le défends de par le bourdon froid que Jésus passa la mer ; je vous le défends de par les quatre Évangiles ; que vous n’eussiez leurs cuirs percés, ni leur sang sucer, qu’elles soient saines et sauves en lieux qu’elles soient : soit en montaigne ou en vallée ou en tel lieu que le bon Jésus voudra jusques à 24 heures que le maître ou la maîtresse ou gens pour eux les auront trouvés de par Dieu, le Père et le Fils

Soigner les verrues en leur demandant de partir avec amour.

Allumer des bougies pour la chance de ses amix, fabriquer de petits autels pour elleux.

Elles disent qu’elles font quoi ?

Quand les enfants ont peur, mettre du blanc d’œuf avec de l’eau dans un verre. Le garder plusieurs nuits, puis s’en débarrasser, si possible en le déversant dans la rivière. Si ça ne marche pas, faire fondre la cire d’un cierge dont on aurait coupé la base, toujours dans un verre. Si ça ne marche pas, faire fondre du plomb dans un verre.

Si besoin de courage et de soutien, visualiser celleux d’avant et celleux d’après, toutes nos lignées.

Placer un balai à l’envers à l’entrée : s’il tombe, c’est que le malin est entré.

Offrir des bains de compliments.



Photographies de Maëlle Collorec




Pour enlever un mal donné : mettre trois cuillers d’eau dans un verre en comptant un, deux, trois. Prononcer “L’un t’a donné un mal, trois te l’ont enlevé.” Retirer l’eau du verre avec la cuillère en comptant à l’envers: trois, deux, un.

Se dire à soi-même trois compliments chaque matin.  

Prendre le  cheveu d’un⸱e aimé⸱e, le nouer avec un de ses propres cheveux, se souhaiter un beau temps ensemble.

Dans la nuit, en frappant des pieds ensemble, enterrer les choses dont on ne veut plus : le fascisme, la compétition, les relations toxiques…

Le premier vendredi du mois, protéger la ferme en déversant tout autour du sel béni par le prêtre le jour de Sainte Agathe.

Crier dans l’eau.

Qu’il a eu une chevre malade, laquelle fut guerie par le moyen de lad[i]te Remiere qui la signa et luy meit du sel et un oignon en la bouche.

 
Photographie de Maëlle Collorec


Visualiser les fascistes les transphobes les racistes les puissants se faire torturer par celleux qu’iels méprisent et violentent.

Y’en a d’autres ?

Pour regagner un amour : mêler sel et salive et le jeter au feu

Placer des demi citrons recouverts de sel sur les seuils.

Déposer des oranges et des choses ramassées sur les tombes de femmes que l’on ne connaît pas. Leur murmurer des chansons.

Broder les noms des mort⸱es sur ses rideaux.

Faire des masques de puissance sur son visage avant d’aller en manif

Se placer au milieu du vent et danser avec lui pour ressentir sa force et laisser la bourrasque emmener les peines et la colère.

Déposer une assiette pleine pour les mort⸱es dehors la nuit du 31 octobre.

Utiliser du citron et du sel pour blanchir le linge.

Qu’est ce qu'iel fait d’autre ?

Jeter de l’eau chaude dans la baratte pour que le beurre prenne

Qu’est ce qu’on dit qu’elle fait ?

Arroser les plantes avec de l'eau mêlée de sang menstruel.

Écouter, ressentir, comprendre les émotions des animaux. Compatir.



  • D’autres prénoms

Ce sont les prénoms des personnes nous ayant partagé leurs voix, leurs pratiques, leurs récits, pour cette performance-conférence-rituel. A chaque prénom prononcé, on ajoute une perle sur la branche.

Marys

Milo

Heka

Emilie

Caro

Czeslawa

Alice

Claire

La mimi

Joyce

Virginie

Ju

Paty



  • Clôture du rituel

On vient cueillir la branche.  On la confie à quelqu’un⸱e du public 

On plante les graines de violettes d’Heka dans le trou laissé par la branche

On arrose



Dans l’espace laissé par ce qu’ensemble nous avons créé, on plante ce que l’on espère voir pousser 

Aujourd’hui samedi 22 juin 2024. Pleine lune en Capricorne. C’est la lune de la sociabilité, des liens, des réseaux, le moment pour être vue, connue, reconnue parmi les autres.

Aujourd’hui, nous avons tenté de tisser des liens 

Aujourd’hui, nous nous sommes reconnues entre sorciaires



Photographie de Maëlle Collorec


Alors, avec des violettes

Je plante la mémoire, le souvenir
Je plante le deuil, le réconfort
Je plante l’empathie, l’honneur et le respect
Je plante la lignée, la famille choisie, la reconnaissance


Merci à toustes celleux d’avant, toustes celleux de maintenant et toustes celleux d’après, qui jamais ne firent mal 


Eteindre les bougies si nécessaire 

Ramasser les différents éléments du rituel

Eparpiller le cercle de sel si nécessaire


L’une de nous garde la branche témoigne chez elle pour le moment


 
Photographie de Maëlle Collorec